La place de l’humain c’est celle que cherche à définir DIDIER SI- CARD, ancien président du CCNE. Le professeur Sicard a « mal au scanner », autrement dit, mal de voir la tech- nique envahir le champ de la méde-
cine jusqu’à supplanter ce qui fait toute la beauté de la consultation, le colloque singulier. « Le médecin écou- tait son patient, rencontrait son regard, lui demandait de s’allonger, de palper son ventre, écoutait son cœur et ses poumons… Aujourd’hui le stéthoscope est un élément identitaire plutôt que médical. Aux mains, aux oreilles et aux yeux du médecin, la médecine a substi- tué des instruments, des images, de la technique ». Et l’éthicien de conclure : « Les hôpitaux finissent par van- ter leurs robots plus que leurs chirurgiens ».
Alors, quelle réponse face à celle de l’ultratechnicité de la médecine, à cet envahissement du champ de la thérapeutique par une logique de marché où les ma- chines doivent être toujours plus performantes ? Où la santé devient une marchandise ? Où la promesse d’une éternelle jeunesse, où le salut des corps, entraine une médicalisation de chaque instant ? Car même lorsqu’on n’est pas malade, il faut vérifier, prévenir. Le silence des organes qui définissait l’état de santé devient suspect. Il faut être ultra-connecté et rechercher d’autres signes infimes qui pourraient annoncer la maladie. Est-ce là un progrès? Didier Sicard s’interroge : cet homme connecté est-il vraiment l’avenir de l’homme ?
Docteur, j’ai mal au scanner !
Catégorie
Société
INTERVENANTS
Didier SICARD
THÉMES
Relation patient
ANNÉE
2015