Tandis que les applaudissements nourris de l’assistance se poursuivent, en coulisse, un autre scientifique de renom se prépare. C’est aussi au nom de la fragilité qu’il s’exprime. Habitué des entretiens 3SOdeon, le Pr Alain Fisher, est mondialement connu comme étant le « père » des bébés bulles, ces enfants dont les défenses immunitaires sont si faibles qu’ils ne pourraient survivre dans un environnement normal. Plus récemment, ce spécialiste de l’immunité a été sollicité pour animer une réflexion sur les vaccins. C’est de cette défiance actuelle vis-à-vis de la vaccination qu’il vient nous parler. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la vaccination sauve 2,5 millions de vie par an, elle a permis d’éradiquer la variole, fait disparaître de France le diphtérie et la polio. De même, la coqueluche qui a tué tant de nourrissons est devenue rare, tout comme la méningite à haemophilus influenzae et la rubéole congénitale. Au point que l’OMS considère que la « vaccination est la plus grande avancée que la médecine ait jamais connue … » précise le Pr Fischer.
Pourtant, au pays de Pasteur cet acte prophylactique est de plus en plus mal perçu. Le taux de couverture vaccinale est devenu insuffisant au point qu’on voit réapparaître la rougeole et la coqueluche. Quant à la méningite C, qui a disparu de l’autre côté de la Manche, elle continue de toucher 120-150 petits Français tous les ans. Parmi eux, 20 % mourront et 20 % souffriront de séquelles neurologiques gravissimes ou d’amputation….
Pourquoi une telle méfiance ? Tout d’abord il existe une maladie franco-française, la maladie de l’aluminium. Découverte par un médecin français qui affirme qu’elle est due aux sels d’aluminium présents dans les adjuvants des vaccins, « cette maladie s’arrête à nos frontières » rassure le Pr Fisher. Mais sur le réseau, la maladie est virale. La rumeur est colportée, amplifiée.
D’autre part, si la mémoire immunitaire peut durer toute une vie, la mémoire humaine est courte. « Aujourd’hui, la population a oublié ce qu’étaient ces maladies graves. » Elle a oublié que dans un passé récent, les enfants mourraient de typhoïde ou de diphtérie et que le pays était couvert de sanatoriums pour recevoir les tuberculeux…
Comment rétablir la confiance ? Le retour à l’obligation vaccinale permettra-t-il de vaincre les peurs infondées quand il sera montré que cette obligation ne s’est pas accompagnée d’une flambée de « maladies de l’aluminium ». On ne peut que l’espérer, car l’enjeu de la vaccination c’est aussi la protection des plus faibles. » La vaccination obligatoire est un acte de solidarité en faveur d’un bien commun : la protection des enfants les plus fragiles contre des maladies infectieuses mortelles ». C’est dit !
La confiance collective et les vaccins
Catégorie
Société
INTERVENANTS
Alain FISCHER
THÉMES
Vaccin
ANNÉE
2018