L’homme qui monte sur scène maintenant a un héros : Superman. Enfin pas superman, mais Christopher Reeves, cet homme qui incarne à la fois les « superpouvoirs » du superhéros, et la dépendance du handicapé, de l’homme paralysé. « Il y a 15 ans, je suis parti à Los Angeles pour travailler à la fondation Christopher Reeves » nous explique Grégoire Courtine, spécialiste en neurosciences et professeur à l’école fédérale polytechnique de Lausanne. Depuis, cet homme aux milles talents se passionne pour 5 cm de moelle épinière au niveau de la première vertèbre lombaire. Ces 5 cm sont cruciaux, ce sont eux qui contrôlent les muscles de la jambe. »Après un accident alors que ces circuits sont intacts, ils sont incapables de fonctionner car ils ne sont plus connectés au cerveau. » L’objectif : fournir des neuroprothèses capables de restaurer cette activité. Après la grenouille et le paralytique d’Inge Cantegreil, c’est le rat paraplégique de Grégoire Courtine qui s’affiche à l’écran. Ce rat, dument stimulé, se met à marcher. C’est bien, c’est magique, c’est fascinant. Mais… Mais cette marche est involontaire, mécanique, automatique.
Notre rat est de retour à l’écran : cette fois, il bénéficie d’un système robotisé de suspension. Ce robot est transparent, l’animal ne le sent pas, de sorte qu’il va tout essayer pour mouvoir son membre paralysé. Chaque jour le rat progresse. « On voit à son visage l’intensité qu’il met dans sa réhabilitation. » Au bout de quelques mois, il tient debout et quand il le désire se met à courir vers un morceau de chocolat. C’est une première. Et cela ouvre des espoirs fabuleux. Comment est-ce possible. Il semblerait que la motivation de l’animal invite les nerfs à repousser, à rétablir une connexion avec la moelle épinière. En d’autres termes « Le cerveau se répare si on lui en donne les moyens. »
Et chez l’homme ? Un premier robot testé sur les primates permet à ces derniers de recouvrer partiellement la marche. Aujourd’hui à Lausanne, 5 patients ont été implantés avec ce stimulateur. Ils s’entraînent tous les jours pour vaincre leur paralysie.
Faire remarcher les paralytiques, Grégoire Courtine en rêve depuis plus de 15 ans. « Quand j’ai commencé, cela semblait impossible. C’est devenu improbable. Et maintenant je me demande si ce rêve n’est pas en train de devenir réalité. »
Remarcher
Catégorie
Sciences
INTERVENANTS
Grégoire COURTINE
THÉMES
Cerveau
ANNÉE
2017