Qu’est-ce que la conscience et les machines pourraient-elles l’acquérir ?

Qui dit éthique, qui dit morale, dit aussi conscience. Mais la conscience est-elle uniquement une faculté humaine. Les machines pourraient-elles un jour acquérir une forme de conscience ? C’est la question que nous pose maintenant le Pr Stanislas Dehaene. Professeur au collège de France, spécialiste en sciences cognitives, directeur de l’unité de Neuro-imagerie Cognitive au centre NeuroSpin -CEA, il vient réveiller soudainement nos consciences endormies.
Voyant rouge. Ce voyant c’est celui de notre voiture quand la jauge à essence indique que le réservoir est presque vide. Le conducteur prend conscience du risque de tomber en panne sèche. La voiture, elle, n’a aucune « conscience » de ce risque. Elle transmet juste une information pour laquelle elle est programmée.
Alors qu’est-ce que la conscience ? Qu’est-ce que le cerveau possède, qui le distingue d’un ordinateur surpuissant, d’un robot humanisé ?
Les études en imagerie fonctionnelle montrent que le cerveau dispose de quelque chose de particulier, un système global, qui ne s’active que lorsque l’information devient consciente. « Le cerveau prend cette information, il la sort du module spécialisé dans lequel elle était traitée. On observe un embrasement du cortex préfrontal… L’information envahit un grand nombre de neurones, elle devient accessible à l’ensemble du système. »
Le cerveau est capable de s’interroger sur lui-même (métacognition), de se rendre compte de ses erreurs, de ses limites… « Quand nous avons un mot sur le bout de la langue, de quoi sommes-nous conscients ? Pas du mot, mais du fait que ce mot existe dans notre mémoire et que nous sommes incapables de l’y retrouver.  »
Cette conscience se retrouve dès les débuts de la vie. « Quand un bébé n’arrive pas à attraper un objet, il se tourne vers sa mère. Il a conscience qu’il ne va pas y arriver mais qu’elle peut le faire ».
Pourrait-on ajouter ces fonctions à une machine ? Pourrait-on imaginer une forme de « globalisation » de l’information ? Est-il possible de concevoir une machine douée d’introspection, une machine qui fasse le catalogue de ses propres capacités ?
Ces deux composantes (globalisation et introspection) sont essentielles pour que l’on puisse parler de « conscience ». Sont-elles les seules ? « Dans ce cas la conscience serait très computationnelle, très matérialiste »
Saura-t-on construire un jour des machines dotées de ces attributs ? La réponse est oui.
Mais d’ici là peut-être découvrirons-nous d’autres aspects de la conscience, inaccessibles à la machine….

Catégorie

Sciences

INTERVENANTS

Stanislas DEHAENE 

THÉMES

Cerveau

ANNÉE

2017