Difficile de prendre la parole après un orateur comme Yves Agid. C’est le défi que doit relever Aude Nyadanu, du haut de ses 24 ans. Polytechnicienne, « rêveuse hyperactive », Aude Nyadanu a fondé Lowpital, une start up qui vise à améliorer le quotidien de l’hôpital. Sa conviction : « on n’a pas besoin d’avoir un diplôme de chercheur d’or pour ramasser une pépite. Il suffit d’avoir les yeux grands ouverts ». Ceux qui ont lui ouvert les yeux ? Les lycéens qu’elle accueille en stage depuis 2 ans. Ils viennent passer une semaine pendant laquelle ils la bombardent de questions. « Des questions que je ne me suis jamais posées. Ils remettent tout en cause, ils proposent des méthodes pour lesquelles ma première réaction est de répondre : ‘non ce n’est pas comme ça que cela se fait’ « . Mais au fond, n’ont-ils pas leur part de vérité ? « Chaque année, après le départ de mes stagiaires, je me rends compte que j’ai fait un grand bond en avant dans ma tête ». Ces jeunes viennent fracasser les certitudes et les habitudes d’Aude. L’expérience a conduit la jeune chercheuse à deux convictions : « il n’y a pas d’innovation sans désobéissance », « les idées les plus disruptives viennent souvent des personnes les moins expérimentées ». Ce qu’Aude Nyadanu appelle « le pouvoir de l’ignorance ». De là est né le projet Lowpital, un hackathon destiné à améliorer le quotidien de l’hôpital. Un hakakoi ? Un hakhathon, un événement rassemblant pendant quelques jours des inconnus qui vont travailler ensemble sur un thème. Le hakhathon repose sur deux principes, d’une part l’intelligence collective, d’autre part la contrainte du temps qui stimule la créativité. Aude Nyadanu a ajouté un troisième ingrédient : l’ignorance….Elle a recruté une centaine de personnes, les « lowpiters ». En amont du Hackathon, elle a envoyé ces bénévoles, qui ne connaissent pas le milieu hospitalier, rencontrer, enquêter, discuter, avec celles et ceux qui vivent à l’hôpital, patients soignants, administratifs, afin qu’ils notent tout ce qui complique leur quotidien. Le résultat ? Une foultitude d’idées comme cette application qui permet une messagerie instantanée et sécurisée entre les médecins et les internes, ou encore ce service de blanchisserie, intermédiaire entre le Lavomatic et blablacar… « Claude Bernard disait que c’est ce que nous pensons déjà connaître qui nous empêche d’apprendre. J’ajouterai que c’est ce que nous pensons déjà savoir qui nous empêche d’innover. »
Le pouvoir de l’ignorance
Catégorie
Société
INTERVENANTS
Aude NYADANU
THÉMES
Innovation
ANNÉE
2017