Aux bons soins des data

Et maintenant c’est le moment de parler d’un gros mot, « le big data », ou traduit en français « les grosses données ». Derrière ce terme, les mon- tagnes d’information gérées dans les clouds et ailleurs. JEAN-PIERRE THIERRY, médecin spécialisé en santé publique, en économie et en organisation des soins,
tente de nous faire entrer dans ce monde complexe.
Tout d’abord un chiffre : la puissance de l’outil in- formatique multiplie par deux tous les ans la vitesse de traitement des données. Ce sont donc aujourd’hui des montagnes de données qui peuvent être analysées et stockées dans des entrepôts. Ces données représentent un volume énorme. « Le prix de séquençage s’effondre, mais le prix du stockage de ces données aujourd’hui est cinq fois le prix du séquençage! » On comprend vite le problème. Pourtant, ces données sont essentielles à la fois pour le patient et pour la recherche en santé publique. Par exemple, en cancérologie. « Ce que l’on appelle parfois les registres cancer de deuxième géné- ration feront peut-être l’objet d’une politique publique dans des pays comme le Royaume-Uni ou les Etats- Unis » précise le docteur Thierry.
« Il faut investir dans ces stockages, car on ne sait pas seulement stocker, mais aussi
analyser. Au fur et à mesure qu’on
analyse, on va pouvoir renvoyer
des informations vers le médecin. On met ainsi sur pied un système d’aide à la décision pour le méde- cin. Avec la complexité des don- nées actuelles, on a besoin de telles aides ».
Ainsi, le big data aidera à per- sonnaliser les traitements, à dé- velopper la pharmacogénomique (pour connaître la susceptibilité d’un patient à un médicament). Par exemple pour les statines, qui ont des effets secondaires musculaires chez 20 à 25 % des patients. Reste un défi : sécuriser ces données afin de rassurer les citoyens sur leur uti- lisation. Ce n’est pas gagné !

Catégorie

Société

INTERVENANTS

Jean-Pierre THIERRY 

THÉMES

Big-data | Santé connectée

ANNÉE

2015