L’innovation, il aime ça. Ce pion- nier de la chirurgie par robot a participé au développement de la chirurgie cœlioscopique en urologie, du traitement des lithiases par voie percutanée… C’est aussi un homme qui n’aime pas rester dans le moule comme le rappellent les titres de ses derniers ouvrages : « La santé n’est pas un droit » » et « La médecine sans médecin ? Le numérique au service du malade ». C’est donc à GUY VALLANCIEN, urologue et chirurgien, qu’il revient de
clore ce troisième acte.
Clore ou au contraire, ouvrir. Ouvrir
le débat pour définir la médecine de demain. D’abord en faisant un constat :
« mes yeux, mes oreilles, mes mains sont de moins en moins utiles au diagnostic, car ce sont des éléments subjectifs, non reproductibles et non partageables contrairement à une analyse biologique ou un examen par imagerie qui en une fraction de seconde peut être envoyé à l’autre bout de la planète ».
Cette révolution technique, qui a mis de la distance entre le patient et son médecin, le Pr Vallancien en voit l’émergence un certain 17 février 1816 quand un petit médecin breton, René Laennec, a l’intuition, pour ausculter le cœur et les poumons d’une accorte patiente, d’enrouler quelques feuilles pour en faire un cornet acoustique. Mi- racle, il entend. Le stéthoscope vient de naître.
Aujourd’hui, « la génomique nous permet de prédire certaines maladies et d’en guérir d’autres. L’ordinateur de- vient mon conseiller. Il me propose des solutions diagnostiques, m’aide dans mon choix thérapeutique ». Jour après jour, des milliards de données s’accumulent, qui vont changer du tout au tout la pratique médicale. « Un tsunami arrive. Adhérez à ces révolutions, car de toute façon, elles arriveront ».
Et le médecin dans tout cela? Qui est-il si l’ordinateur le conseille, si les arrêtés, directives et recommandations qui émanent de Bruxelles, de Paris, des sociétés savantes ou des agences régionales de santé dictent les grandes règles à suivre, si les délégations permettent aux collaborateurs de réaliser de nombreux actes naguère réservés au médecin ? Il lui reste l’essentiel, « le plus beau, ce pour quoi j’ai signé le serment d’Hippocrate : la possibilité de transgresser les règles ». Car le médecin n’a pas en face de lui un patient moyen, il a un malade qui pour des raisons personnelles, familiales, culturelles, religieuses ne correspond pas au patient statistique.
Et pour le Pr Vallancien, cela ne fait pas de doute : « le plus beau, c’est quand en fin de consultation un patient me dit : Et si c’était vous, docteur? Là, je sais que j’ai gagné sa confiance.
Il reporte sur moi sa demande et son inquiétude, c’est toute la beauté du métier ». « Ne retardons pas l’évolution, poussons les politiques pour apporter de nouvelles solidarités, pour offrir de
meilleurs soins, une meilleure prévention, une meilleure éducation thérapeutique, aux plus démunis, aux plus âgés, aux plus éloignés, dans la plus petite ferme, le hameau le plus reculé de France ; c’est ça l’avenir de la médecine ».
On ne saurait mieux conclure. Offrir le meilleur service pour tous, à commencer par les plus modestes, les plus fragiles, c’est toute la grandeur de la médecine.
L’hypertechnicité, les contraintes budgétaires font craindre une médecine à deux vitesses qui exclurait une partie de la population. Guy Vallancien vient de nous redonner espoir.
Ça déménage dans la santé
Catégorie
Société
INTERVENANTS
Guy VALLANCIEN
THÉMES
E-santé
ANNÉE
2015