40 ans. C’est le temps de la traversée du désert. C’est aussi le temps que Jean-Gabriel Ganascia, chercheur en intelligence artificielle, nous propose maintenant de franchir. Nous sommes en 2057….
« Il sera une fois…  » Tout commence comme un conte de fées. Il sera une fois Adèle, petite fille de 7 ans et sa grand-mère. Adèle vient de découvrir un livre d’autrefois où il est écrit « récitation du samedi. exercice de mémoire ». Elle transmet par télépathie la page du livre à sa grand-mère Juliette. « Grand-mère, c’est quoi une récitation ? »
Juliette a du mal à l’expliquer. Adèle est née dans le monde rêvé d’Elon Musk, celui des Cyborgs. On greffe sur le cerveau de petits disques durs qui stockent toutes les données. Plus besoin d’apprendre. Nous avons tous dès la naissance la bosse de la connaissance, greffée sous le scalp…
Ce rêve est-il possible ? En mars 2017, Elon Musk, le père de Paypal, de la Tesla et de Space X a lancé le projet Neuralink qui vise à créer des interfaces entre le cerveau et des dispositifs électroniques. Son ambition officielle : insérer des implants à visée thérapeutique. Mais le rêve du cyborg, de l’homme augmenté, n’est jamais loin.
« On ne sait pas aujourd’hui comment les choses sont encodées dans le cerveau. Le stockage se fait dans tout le cerveau et pas dans une partie. Il y a aussi les processus de rappel. Enfin nous disposons de différentes sortes de mémoires. Cette idée d’augmenter le cerveau n’est donc, pour le moment, rien d’autre qu’une abstraction. »
Imaginons néanmoins que ce rêve advienne.
– Grand-mère, est-ce que c’était douloureux d’apprendre ? »
– Non, mais on risquait d’oublier…
– C’est quoi oublier ? Est-ce que l’effacement c’est l’oubli.
– Non, répond Juliette, l’effacement c’est autre chose. Comme les gens avaient tous les souvenirs du monde, il y avait trop de guerre et on a décidé d’effacer des données
– qui a décidé d’effacer ?
– Je ne sais plus.
« Un tel monde serait un cauchemar, car un « grand effaceur » pourrait nous manipuler totalement ; ce serait le pire asservissement qui ait jamais existé. » conclut Jean-Gabriel Ganascia.