« Il n’a que deux neurones ». Quand une personne est d’intelligence modeste, on tend à considérer que la nature l’a dotée d’un nombre insuffisant de neurones. Et si l’on se trompait ? Si l’intelligence se mesurait non à notre quantité de neurones mais à celles de cellules gliales.
« Cellules comment ? » C’est la première fois que vous entendez ce mot là ? Pourtant les cellules gliales ont été découvertes en même temps que les neurones explique Yves Agid. Pendant longtemps on a pensé que ces cellules qui, contrairement au neurone, ne produisent pas de courant électrique étaient un simple tissu de soutien, une « glue » -d’où le nom de cellules gliales- destinée à agglutiner les neurones ensemble. Il n’en est rien ! Depuis peu ces cellules gliales passionnent les chercheurs ! D’abord parce qu’on s’est rendu compte que le ratio cellules gliales/neurones augmente en fonction de l’intelligence des espèces. Ainsi la limace a 6 neurones pour une cellule gliale, l’homme à l’inverse a 1,5 fois plus de cellules gliales que de neurones. D’ailleurs Einstein avait un nombre de neurones normal…mais une proposition de cellules gliales anormalement élevée. Tiens tiens !
Et ce n’est pas tout ! Ces cellules gliales seraient impliquées dans quantité de fonctions du cerveau. Rien de tel qu’une métaphore pour le comprendre. Regardez Paris. Ses rues, ses belles avenues sont comme les neurones par lesquels circule l’information. Mais la vie, les centres de décision et d’organisation sont situés dans les immeubles qui bordent ces voies. Comme les cellules gliales. « Les cellules gliales ont une propriété extraordinaire : elles intègrent et synchronisent toutes les informations apportées par les neurones » explique Yves Agid. De nombreuses maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson..) mais aussi les épilepsies, le coma, et des affections comme la dépression seraient liées au dysfonctionnement des cellules gliales. « Pendant plus d’un siècle on a oublié d’explorer la moitié du cerveau »
On devine sans peine le champ d’investigation remarquable que sont les cellules gliales pour le cerveau, et les espoirs thérapeutiques qu’elles représentent !
L’autre moitié du cerveau
Catégorie
Sciences
INTERVENANTS
Yves AGID
THÉMES
Cerveau
ANNÉE
2017